Musée La Piscine - Collections permanentes

Ce nouveau catalogue des collections et de l'histoire du musée de Roubaix est réalisé à l'initiative de La Boutique du lieu, à l'occasion du dixième anniversaire de La Piscine, le 20 octobre 2011.

Premier volume d'inventaire des richesses textiles de La Piscine, La Russie textile présente à la fois un ensemble unique de dessins et échantillons provenant de la manufacture Trekhgornaya à Moscou et illustre parfaitement l'esprit fondateur de ses premiers directeurs, notamment celui de Victor Champier au début du XXe siècle, pour qui le musée de Roubaix devait faire le lien entre les arts appliqués et la personnalité industrielle de la ville. Les étudiants étrangers formés à Roubaix avaient à cour, de retour dans leurs pays d'origine, d'envoyer au musée des exemples significatifs et prestigieux de la production de leur entreprise. C'est grâce à cette initiative que La Piscine compte aujourd'hui parmi ses collections textiles un remarquable fonds de 366 pièces dont la chronologie s'étend du XVIIIe siècle à la période constructiviste des années 1940-1950. A lui seul, ce fonds exceptionnel dresse un panorama inattendu de l'histoire de l'art russe et des relations entre la France, et plus généralement le monde occidental d'une part, et l'empire russe puis l'Union soviétique d'autre part. Ce catalogue a reçu l'expertise éclairée de spécialistes de l'art et de l'histoire russes et nous renseigne sur l'intime relation entre l'histoire de l'art et celle de l'industrie textile de la mode. La Russie textile exprime pleinement l'ambition du musée de Roubaix de témoigner des grands mouvements de l'histoire de la création.

Il fallait que le Combat de coqs en Flandre française (1889), oeuvre magistrale du peintre Rémy Cogghe (1854-1935) conservée au Musée de la Piscine de Roubaix, soit assez emblématique de cette agglomération au moment de sa croissance à la fin du XIXe siècle, pour que Roubaix s'approprie ce peintre et fasse de son oeuvre une pièce phare de ses collections. Les autres spectateurs de ce célèbre combat, ceux qui se trouvent de l'autre côté du miroir, découvrent, pris sur le vif, une galerie de personnages happés par le théâtre du gallodrome, des « coqueleux » dont les traits sont en réalité empruntés à des personnalités marquantes de la vie roubaisienne. Rémy Cogghe est par excellence le peintre du quotidien, ses oeuvres ont la particularité de montrer, non pas la misère ou la réussite que l'on associe inlassablement à un grand centre industriel, mais la vie quotidienne de ses habitants. En reproduisant l'ouvrier ou le notable chez lui ou à l'estaminet, en train de chanter ou de « fêter carnaval », Rémy Cogghe devient un témoin essentiel d'une époque qui, en plus de la révolution industrielle, a vu naître de nouveaux tissus sociaux et révolutionna les mentalités populaires. Dans la capture de moments intimes et souvent cocasses, voire anecdotiques, tels ces domestiques d'une maison bourgeoise surpris en train de regarder par le trou d'une serrure (Madame reçoit, 1908), la qualité du trait, sa modernité même, s'apparente à celles d'un Norman Rockwell.