Le village de la Goutte d'Or

Louxor ! Magie d'un mot qui évoque l'Egypte, l'ancienne Thèbes, la vallée des rois. Nom d'un rare cinéma de style égyptisant. Edifié en 1920 à Paris, au coeur de Barbès à côté d'un autre monument, le métro aérien. Orientalisme et machinisme. Après la Grande guerre, les films muets d'aventures, d'amour et surtout burlesques attirent les foules. Age d'or pour le septième art, il désigne depuis 1911 le cinéma, qui se construit des temples et revisite librement ceux de l'Egypte, y ajoutant des accents Art déco, le style à la mode. Les années passent, le parlant, la guerre, les Trente Glorieuses, la fréquentation des salles faiblit, le Louxor survit en accueillant les noctambules, frôle la destruction et ressuscite en 2013, paré de la beauté et des attributs de sa jeunesse tout en se dotant de nouvelles salles, d'un bar panoramique. Voici l'histoire d'un lieu parisien mythique dont les péripéties sont retracées par les acteurs mêmes de sa renaissance, l'association Les Amis du Louxor et l'architecte Philippe Pumain, mandataire de l'équipe chargée de la rénovation.

Où l'on apprend qu'il y a "plus de Montmartre dans Paris que de Paris dans Montmartre" tant les carrières de la Butte furent mises à contribution pour construire la capitale. Où l'on découvre que Modigliani dérobait des traverses de bois à la station de métro Barbès, pour les sculpter. Où l'on note que le facétieux Alphonse Allais avait rebaptisé la rue des Martyrs en. "rue des Victimes" ! Où l'on traverse les derniers vestiges du célèbre "maquis" de Montmartre. Où l'on admire la superbe structure métallique du marché de la Chapelle, inspirée des halles de Baltard. Où l'on observe les tracés anguleux des rues qui longeaient le bastion 32, aujourd'hui disparu, de l'enceinte de Thiers. Où l'on évoque la Taverne du Bagne, tenue par un ancien forçat, et dont les serveurs, portant une chaîne au pied, servaient des "boulets" et des "nouméas".